• Fin du voyage en Inde

    Moi qui ai eu toujours beaucoup de mal à me servir d'une machine à laver , je suis devenu , chez mére térésa , un expert dans l ' art du lavage manuel ! Je parle dans le contexte du nettoyage de linge particuliérement souillé .
    Premiére étape : le linge , essentiellement draps et linge de corps , est plongé dans une grande cuve d 'eau bouillante . Il est remué réguliérement par 2 hommes équipés de grands morceaux de bois . Ensuite , il est placé dans une autre cuve remplie d ' eau froide avec des paillettes de savon . Deux autres hommes entrent dans la cuve et piétinent allégrement et en cadence . En fait , les 4 pieds font office de tambour de machine à laver .
    L ' étape suivante est le rinçage en 2 fois dans 2 autres cuves . Intéressant , n ' est-ce pas ?
    A ce stade des opérations , une réflexion s ' impose : heureusement qu ' on ne manque pas d 'eau en Inde , tout au moins ici . Et il est intéressant de squatter une ancienne usine , car on peut utiliser les installations existantes . Je veux parler surtout des cuves et autres tuyauteries .
    Et l 'essorage , me direz vous ? Il se fait manuellement , bien sur , et ça , c 'est du sport ! en particulier pour les draps ..  Encore qu 'en les plaçant par leur milieu derriére les tuyaux , il n ' y a plus qu ' à serrer , serrer , serrer !
    Ce qui est encore plus sportif , c ' est le transport du linge mouillé , donc lourd , dans 2 seaux , jusqu ' à  la terrasse du 3° étage , soit 64 marches ..
    Enfin , pour l ' étendage , on utilise là encore les installations en place , à savoir des cables en acier qui devaient servir au séchage des piéces de tissu .
    Et voilà le travail !!!
    Vous pensez peut-être que ce luxe de détails n ' a que peu d 'intérêt .
    Il est vrai qu ' on se croirait revenu au moyen âge . Mais quel sens cela aurait-il , ici , de posséder des machines , avec ce que ça comporte comme coût en investissement et entretien  , alors que les anciens malades et les volontaires font aussi bien , sans grosse fatigue et dans la convivialité ?  De plus , ce systéme enléve toute notion dégradante d ' assistanat , que j ' ai trop connu en Afrique . Ainsi chacun est concerné de la même maniére selon ses possibilités .

     Par contre , je ne suis pas d ' accord sur d ' autres points . Par exemple , le " coiffeur barbier " n ' a à sa disposition que des lames usagées et pas de savon à barbe . Donc , les rasages se font dans la douleur et laissent des traces ! Il est vrai que les soeurs ne se sentent pas trop concernées par ce probléme ...  En dehors des tâches lessivielles , la fin de la matinée est consacrée à la mise en place du repas , et surtout à donner la becquée à ceux des malades qui n ' ont pas la force de manger seuls , et ils sont nombreux ! Le repas est précédé du bénédicité en hindi .  C ' est bientôt la fin du service . Je pose mon tablier au vestiaire jusqu ' à demain . En passant , je salue les personnes avec qui j ' ai été proche aujourdhui . je croise des regards étonnés , inquiets , regards de gens repus mais oas sereins .  Le dernier jour , à mon départ , j ' ai cru déceler comme de la tristesse dans certains regards . Ce qui est sur , en tout cas , c ' est qu 'il y en avait dans le mien !  Je m ' en vais , un autre volontaire arrive . Je suis quelqun et personne , et c ' est trés bien comme celà

    Je pars de chez mére térésa avec quelques questions , pour lesquelles je n' ai pas obtenu de réponses :  les actions menées ont-elles fait évoluer les choses , et donc fait diminuer le nombre de gens sur les trottoirs de Calcuta ?   Les personnes recueuillies sont elles toutes des intouchables ?    N ' y a t il pas embrigadement chrétien ( priéres , messe le dimanche , même si ce n ' est pas obligatoire ) ?  Comment se fait il qu ' il y ait autant de candidats volontaires , et quelles sont leurs motivations ? 

    J ' ai quitté l ' Inde un jeudi 22 novembre aprés y avoir mené , par choix , une vie frugale et presque ascétique . Je pars 3 semaines au Népal . Je me souviens parfaitement de la date pour la raison suivante  : arrivé à Katmandou , je vais me faire recenser à l 'ambassade de France .
    Et là , en bonne place , sur un mur , la liste des activités culturelles pour le mois de novembre . A la date de ce jour :
                        FETE DU BEAUJOLAIS NOUVEAU
    Je n 'en crois pas mes yeux , et j ' éclate d ' un rire nerveux !!!


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 10 Décembre 2009 à 21:59
    "Vous pensez peut-être que ce luxe de détails n ' a que peu d 'intérêt"
    Bien au contraire, ces détails rendent le texte fascinant. D'ailleurs, les ethnologues, grands voyageurs devant l'éternel, se reconnaissent à ces détails techniques qui disent beaucoup sur la pensée d'une communauté.

    Ici, ça m'a fait penser à un grand classique de l'ethnographie, "Façons de dire, façons de faire", d'Yvonne Verdier, sur un village de Bourgogne. Il y a un chapitre sur la manière dont le linge blanc est lavé : ça se passe une fois par an, et les villageoises suivent tout un rite et des cuves différentes, etc.
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    2
    desert
    Samedi 12 Décembre 2009 à 16:06
    'Inde... l'Inde... oui ! et avec le temps qui passe, as-tu le même regard qu'alors, il y a ... qq années ?!!!
    J'ai hâte de savoir comment ça se passe dans ton nouveau départemement...
    3
    Mardi 15 Décembre 2009 à 10:03
    Oui, on vous imagine
    4
    etoiledeneige
    Jeudi 17 Décembre 2009 à 15:51

    la toile se tisse perpétuel amphigourique instant

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